Culture

Anarchisme, Féminisme, contre le Système prostitutionnel - d’Hélène Hernandez et Élisabeth Claude




La majorité des hommes et des femmes ne sont pas des personnes prostituées, ni des prostitueurs, ni des proxénètes. Cette brochure vise la prise de conscience que nous sommes toutes et tous « prostituables » :

- toutes et tous, nous sommes potentiellement des proies pour les trafiquants de personnes humaines et pour les lobbys mafieux ;
- toutes et tous, nous sommes potentiellement des cibles pour devenir des clients de la consommation de sexe, avec le manteau habile de l’argument de la libération sexuelle ;
- toutes et tous, nous sommes à la foie des proies et des candidats à devenir marchands ou trafiquants, pour qui tout s’achète et tout se vend, pour qui tout est commerce juteux.

Nous espérons que cette brochure contribuera à la construction de l’émancipation de toutes et de tous et à l’élaboration de la société sans domination masculine à laquelle aspirent toutes et tous les gynarchistes.

Pour en savoir plus : Prostitution et société

THE LADY OF SHALOTT


The Lady Of Shalott par Alfred Lord Tennyson



Amoureuse d'un tableau ? Oui. On peut le dire ainsi. Car ce tableau, je l'ai aimé. Comme on aimerait une femme captive dont on pourrait disposer à volonté, à laquelle on pourrait penser jusqu'à s'en obséder et dont la sublime indifférence ne ferait qu'attiser le désir.

C'était il y a quelque temps, alors que j'entretenais une relation de possession de grande qualité, avec un prince de mes amis qui séjourne souvent à Londres.

À chacun de mes voyages, David, le chauffeur, me prenait à l'aéroport pour me conduire directement auprès de son maître qui m'attendait là, comme un fou, dans le désir absolu de mon pied. Finalement je lui accordais ce désir, mais seulement après qu'il l'eut mérité. Qu'il ait obéi, satisfait et accepté comme il se doit. Ensuite, c'est moi qui perdais la tête. Traversant la ville de Londres à la hâte pour rejoindre laTate Gallery : ce lieu magique où elle m'attendait. ELLE, sublime, magnifiquement peinte, pétrifiée et captive.

Dès que je rentrais dans le musée, mes oreilles se mettaient à bourdonner et mon coeur à battre très fort. J'entendais le bruit de mes pas sur le plancher des grandes salles comme si j'étais dédoublée. Parce que je m'avançais vers ELLE. D'ailleurs, je courais presque, animée par la plus vive des émotions, à la limite de la folie. Exactement comme quand je vais retrouver pour la première fois celui ou celle que l'on adore.

Sur la gauche, les portraits élisabéthains défilaient et je les aimais. Les retrouvant à chaque fois, tout comme la "Dame en Bleu" de Gainsborough, un peu plus loin sur la droite, avec son regard malicieux figé depuis des siècles. Ensuite, quelques paysages de Constable, puis deux ou trois Turner et enfin, les premiers préraphaélites : sublimes. Rarement tous présents car déplacés bien des fois pour une exposition à l'extérieur. Mais ELLE, je savais qu'on ne la bougeait jamais et que je la retrouverais là, accrochée et immense, sublime et magnifiquement peinte par Waterhouse : THE LADY OF SHALOTT.

Me retrouver enfin face à elle me mettait à chaque fois dans un état étrange car je me sentais glacée. Comme pétrifiée par un désir infini à la fois satisfait mais impossible à satisfaire. Pourtant, à chaque fois j'y croyais. Je venais animée par la plus intense des émotions. Comme si j'attendais tout de ce tableau.

Une folie? Oui, peut-être. Mais quelle délicieuse folie!

«  Et dans les eaux sombres de la rivière
    Tel un prophète téméraire en transe,
    Réalisant toute son infortune —
    C'est avec une figure terne
    Qu'elle regarda Camelot.
    Et lorsque le jour déclina,
    Desserrant la chaîne, elle s'allongeait ;
    Le courant au loin l'emportait,
    La Dame de Shallot… »

— Lord Alfred Tennyson, Extrait de la IVe partie


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